dimanche, novembre 05, 2006



Et tous ces regards et toutes ces langues


J’ai bien trop peur de le dire, je ne peux plus l’écrire
J’ai bien trop peur de mourir et encore plus de vivre
Le je m’ennuie, le tu aussi, et elle est ma monotonie
Le vous, le nous n’existent pas, ils me sont interdits

Je n’ai plus de stupéfiants, encore moins de rêves
Un fond de vodka et du tabac, juste pour rigoler
M’oublier sur le sol comme à chaque fois, mort
Défoncé, brûlé, explosé, éclaté, emporté loin d’ici
Et me réveillé la gueule écrasée, encore moins là

Et si le cœur n’y est pas, tant pis ou tant mieux
Je me remplie pour mieux me vider, qu’elle joie !
Attendant la dernière gorgée dans un ultime effort
Je rejoins l’obscur exutoire, et je donne tout
Ma vie, ma voix, ma virginité et mon repas

Et si la vie me donne assez d’espoir, je frisonne
Je m’injecte un dernier viol et un ou deux Valium
Histoire de planer suffisamment jusqu’au divan
Mais comme tous dépravés, je me laisse pendre
La corde serrée, le cœur noué, la langue bandante

Mais il suffit d’une mauvaise vapeur pour chuter
Rater la porte, se foutre en l’air dans l’escalier
Et se souvenir d’une morte, qu’on pensait enterrée
Revoir son sourire de rêve, sentir sa peau sucrée
Ses mains chaudes glisser le long de son corps

Et souffrir de sa lame acide plantée dans le bide
Recueillir ses intestins, ses lambeaux de peau
Les retenir coûte que coûte, la larme à l’oeil
Et gober un troisième Valium pour cicatriser
Mais rester les yeux ouverts, c’est Disney ce soir

Mes amis sont venus jusque dans mon crâne
Il y a celle que j’aime en secret, et celle qui m’aime
Il y a celle que j’aime en adultère, et celle à vomir
Deux autres qui me détestent autant qu’elles m’ignorent
Et un avec qui je n’ai jamais vraiment parlé…


J’ai bien trop peur de le dire, mais je suis à vomir…